Polly Morgan et la taxidermie renouvelée. // Polly Morgan and the reinvention of taxidermy


Je ne m’étais jamais vraiment intéressée à Polly Morgan avant de voir un super documentaire sur la vie quotidienne de l’artiste dans son atelier il y a environ un mois: grande découverte que je fais partager ici. L’atelier de l’artiste, situé à Londres,est un endroit des plus originaux et inattendus car qui dit taxidermie dit forcément animaux morts. Le corps de l’animal étant donc la matière première de l’artiste, il lui faut donc les stocker et Morgan dispose de charmants congélateurs remplis de cadavres d’animaux de toutes tailles et de tout genre. Des admirateurs lui envoient même des cadavres d’animaux par la poste! (avis aux amateurs)

L’une de ses premières œuvres est Rest a Little on the Lap of Life (2005).

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L’idée lui est ainsi venue: alors qu’elle marchait dans son appartement, elle tomba sur un rat mort. Elle avait auparavant acheté un verre à champagne vintage et elle plaça le rat à l’intérieur. Directement, cela eut un effet créatif et elle pensa “on dirait une boule de glace toute poilue”.

Selon elle, la taxidermie avait été depuis trop longtemps la présentation d’animaux morts et c’était tout. La taxidermie se contentait donc de créer  des mondes, des scènes de vie censés refléter l(environnement naturel de l’animal.En tant qu’artiste, elle n’aurait jamais cru devoir utiliser ce support. Les animaux, dit-elle, ont été utilisés dans son oeuvre afin de véhiculer une idée, une ambiance ou pour créer de l’humour mais ce n’est pas du tout dans son modus operandi de montrer l’animal tel qu’il est dans son cadre naturel. C’est justement ce que j’aime dans son travail. Ce qui est aussi admirable est son travail de chirurgien au scalpel et autres accessoires afin de transformer les animaux. Morgan a deux chiens et lorsqu’elle les caresse, elle visualise directement leur squelette, leur muscle etc.

Elle a voulu remettre la taxidermie au goût du jour, en la rendant plus moderne, en en faisant une sorte d’image populaire comme dans ces différents exemples:

Someone on the Phone, 2007

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Lovebird, 2005

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ou encore dans Still Birth, 2010

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Ici, la couleur du ballon est un bleu “pop” et il y a quelque chose de touchant à la vision de cette oisillon qui n’a jamais grandi et qui s’élève grâce au ballon; et la ficelle peut être vue comme un cordon ombilical.

Selon Morgan, son art n’est pas à propos de la mort. Pour elle, l’animal mort est juste un matériel comme un autre qui peut être utilisé de différentes façons. Elle pense que son travail évoque plutôt le triomphe de la vie sur la mort. Notre peur concerne la vie, pas la mort; car celle-ci est un état de paix ultime. En revanche, la vie et le combat pour rester en vie sont effrayants.

Carrion Call, 2009.

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Nous voyons ici un cercueil pourri et des poussins le bec ouvert: cette image est certainement l’une des plus connues concernant Polly Morgan. Le centre d’attention est bien sûr ces poussins et le fait que leur bec soit si ouvert: c’est justement tout ce qu’ils sont; ils se résument à cela: leur vie ne se résume qu’au fait d’être nourris.Ils sont en quelque sorte des parasites et ce qui est le plus effrayant est aussi la taille de leur bec en rapport à celle de leur corps.

Ne vous inquiétez cependant pas, car l’artiste ne travaille qu’avec des animaux morts d’une mort naturelle, chose qu’elle a décidé dès le début. Et si vous voulez lui envoyer un petit quelque chose, elle l’acceptera volontiers puisqu’elle ne refuse jamais rien car elle ne sait jamais ce qu’elle va utiliser ou pas.

English: 

Polly Morgan is an artist which studio is based in London and she works on taxidermy. Therefore, as dead animals are her material, she stocks them in lovely freezers within her studio and some of her fans also send to her corpses by mail, do so if interested!

One of her first work, Rest a Little on the Lap of Life was thought as she was walking around her flat and found a dead rat. She bought an antique glass before and put the rat in it she immediately thought “it looks like a scoop of furry ice cream”. Things were settled.

Taxidermy has been for years about the display of the animal but that’s it really. So the taxidermist would create little, kind of worlds, and cases where they’d mimic the natural environment of the animal. She’s never thought to do this in her work at all; and this is exactly what I like. The animals, she thinks have been used in her art to convey an idea or an atmosphere or to create humour for a number of reasons, but her sort of modus operanti has never been just to show the animals as if in life.

She’s always wanted to bring taxidermy up to date, make it more modern, more like a sort of pop image.

In Still Birth, the colour of the balloon is a blue pop colour. There is something touching about the sight of this bird never matured, goign up in a balloon and the string can be seen as an ombilical chord.

She insists that her art is not about death. For her, dead animals is just another material that can be used to convey all kind of meanings. She thinks her work is more about the triumph of life over death. The terror relies in life, not in death; because death is a peaceful state, ultimately.

In Carrion Call, we can see a rotten coffin and chicks mouth oepened: that’s all they are; their life is just about being fed which is terrifying, they are just like parasites and the size of their mouth in comparison to their bodies is frightening too.

But don’t worry for she decided long time ago to work only with animals that had a died from natural or unprevenable deaths.

And if you are interested in sending her a wee something, she is trying to say yes to whatever she’s offered because she never knows what she will use, so just do it!