L’épicerie en feutre par Lucy Sparrow // The Felt Cornershop by Lucy Sparrow


Vivant au Royaume-Uni, j’apprécie énormément le projet de l’artiste britannique Lucy Sparrow qui a acheté et réhabilité une petite épicerie de quartier abandonnée à Bethnal Street, dans l’est de Londres. Car ici, LE pays des cornershop par excellence, on en voit un peu partout spécialisé en produits de bricolage ou tout simplement boutique fourre-tout, elle sont typiques du paysage, mais sont en train de disparaître à feu doux…

Living in the UK, I particularly appreciate Lucy Sparrow‘s  project called The Felt Cornershop. She bought and rehabilitated an old abandoned corner shop in Bethnal St, east London. For here, in THE country of corner shops you can come across specialized ones in DIY or bric a brac or more generalized ones. Those shops are part of the landscape but tend to disappear slowly…

L’artiste a eu l’idée originale de rendre le lieu à nouveau vivant en le ravitaillant de plus de 4 000 produits faits de…feutre! Des paquets de cigarettes ou de chewing-gums, des barres chocolatées, des magasines, des canettes de bières ou de pâtes Heinz tout ressemble aux produits phares que l’on trouve dans n’importe quelle épicerie de quartier au RU! (mention spéciale pour la petite boîte à collecte pour les associations caritatives présente dans chaque petit magasin).

Le cornershop peut bien entendu être visité par les curieux et les clients, on peut toucher, et surtout acheter les petits objets cousus avec soin par l’artiste pendant plusieurs mois! L’artiste organise même des ateliers de couture pour qui le veut -elle vise néanmoins surtout les personnes ayant des troubles de l’apprentissage et les gens du voisinage pour leur apprendre son art. Mais attention: date limite de visite: un mois car le magasin fermera ses portes après cette durée.

 

The artist get the original idea to bring the place to life again by bringing into it more than 4,000 products made of..felt! Cigarettes s or chewing-gums, chocolate bars, magazines, beer or Heinz pasta cans: everything look like the most popular products you’ll find in any corner shop of the UK! (special kudos for the little charity collection box here too!)

The corner shop can obviously been visited by tourists, curious people or customers for you can touch and mainly buy the little hand sewn objects made by the artist for months! She even organizes sewing workshops for everybody but mainly for the local community (particularly individuals with autism and sectors often socially excluded) to show them art that has been made relevant to them and brought to their doorstep. But be careful the expiry date is: a month for the shop will be closed after that.

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Djerbahood, un musée à ciel ouvert ou la poésie de la rue // Djerbahood, an open-air museum or poetry from the streets.


The urban art association Galerie Itinérance (http://itinerrance.fr/exposition-photos-del-seed-a-lima/) decided to settled in Tunisia this summer and to invite over 150 artists from all around the world to take over the Tunisian city of Erriadh on the Djerba island with art. The city with its traditional white and blue colors will be changed day after day for two months under the curious glances of both inhabitants and tourists. A thrilling experience to see street artists working live and expressing themselves in total freedom!

https://www.youtube.com/watch?v=EK650n8yDQE#t=18

I find this very refreshing! The idea is to integrate the works within the buildings and the landscape to both preserve the traditional aspect with the urban one.

You can admire works by Roa, C215, Faith 47, Know Hope, Herbert Baglione, el Seed, Liliwenn, BomK, Shoof, Mosko, Pantonio, Dabro, Curiot, Tinho, Saner, Add Fuel, Paulo Arraiano, Mario Belém, Rodolphe Cintorino, Stew, Nina, Evoca1, Malakkai, Dome, TwoOne, Amose, Calma, Jaz, Pum Pum, Dan23, M-City, BToy, Zepha, Orticanoodles.

Aaaah…I wish I was there!djerba bomK djerba c215 ROA1 roa2 roa3 roa4 roa5 roa6 C215-01-01-site-djerbahood

All pictures: © Galerie Itinerrance / Aline Deschamps

Et si la rue pouvait se vêtir // What if the street could dress up?


English:

I do not know if it is the summer effect on me -yeh, you can laugh I know I live in Northern Ireland but I swear today is sunny and so were the last two weeks!- but I really want to go out, somewhere else explore, discover. When I am out of the house, and especially in a new city, I always keep my eyes peeled looking for something different. When this desire is not satisfied, I look online to do so.

Today, I want to draw your attention to a NeSpoon, a Polish artist based in Warsaw. 

She is using the traditional form of the lace pattern to cover up the streets of the cities she visits.

In order to do so she uses in her work different aspects of visual art such as: painting, ceramics, stencil and crochet. 

What I really like about her work is also that she adapts herself to the place she wants to create on and then thinks of how to do things properly without changing/ adapting/ destroying the place.

Poland

In the streets of Poland.

NeSpoon / Solo show / Elastico Studio / Bologna / Italy / May 2014

NeSpoon / Solo show / Elastico Studio / Bologna / Italy / May 2014

NeSpoon / Solo show / Elastico Studio / Bologna / Italy / May 2014

Illegal city decor, Warsaw / Poland, Summer 2014
Illegal city decor, Warsaw / Poland, Summer 2014

The Shrine. Together with Maniac in Forty / Forty Gallery, Warsaw, Poland.

The Shrine. Together with Maniac in Forty / Forty Gallery, Warsaw, Poland.

® NeSpoon: https://www.behance.net/NeSpoon

Français:

Je ne sais pas si c’est l’effet du soleil sur moi -oui, je vous vois déjà vous moquez, je sais que je vis en Irlande du Nord mais je vous assure qu’aujourd’hui tout comme ces deux dernières semaines, il fait beau- mais j’ai vraiment envie d’aller dehors, ailleurs, d’explorer, de découvrir.

Quand je sors de la maison et surtout quand je suis dans une nouvelle ville, j’ouvre bien grand les yeux cherchant du regard quelque chose de nouveau. Mais lorsque ce désir n’est pas satisfait, je me dirige vers Internet.

Aujourd’hui je veux vous parler de NeSpoon, une artiste polonaise basée à Varsovie.

Elle utilise la forme traditionnelle de la dentelle pour recouvrir les rues des villes qu’elle visite.

Pour se faire, elle utilise dans son travail différents aspects de l’art visuel comme la peinture, la céramique, le pochoir ou le crochet.

Ce que j’aime particulièrement dans son travail c’est qu”elle s’adapte au lieu sur lequel elle envisage de créer et ensuite réfléchit à la façon dont le faire proprement sans détériorer/ adapter/ changer l’espace de création.

Découverte: Louise Pressager // Discover Louise Pressager.


Qu’il est bon de ne pas travailler, d’avoir du temps pour errer un peu partout sur la toile, du temps pour penser et se reposer.

C’est au beau milieu de ce jour de repos que je suis tombée amoureuse de Louise Pressager et de son style direct, presque naif et enfantin et ô combien créatif!

Elle vient d’ailleurs d’être lauréat du jury du salon d’art contemporain 2014 de Montrouge, salon d’art dédié aux jeunes créateurs.

Dans ses compositions souvent en noir et blanc, elle utilise les symboles, les lieux donnés pour dénoncer le capitalisme, l’idée du self-made man, de l’épanouissement de soi par le travail, la destruction de soi par l’abus de médicaments,elle dénonce l’idéologie judéo-chrétienne et prône l’égalité (homme/femme, hétérosexuels/homosexuels etc). Elle joue aussi avec les mots et les expressions de la langue française comme la barbe à papa, les marques de cigarettes.

Je pense que le mot le plus approprié pour décrire son travail est d’ailleurs le jeu. Celui d’une jeune artiste qui dénonce des thématiques tant vues et revues dans l’art contemporain, des cibles presque trop facile pour mieux dénoncer par cela même ces artistes contestataires eux-mêmes.

  • Le travail (c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver).

 

 

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Super salarié

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Le recrutement

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Bien souvent au beau milieu d’une journée de travail lambda, je me dit qu’un distributeur de médicaments ce serait bien chouette.

A bas les clients chiants, les lumières artificielles, les écrans et les pièces surchauffées.

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Le temps de se poser…et d’y retourner.

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  • L’amour ne connait pas de limite.

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  • Jeux de mots

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La corde à sauter.

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Gitane, Gaulloise, Lucky Strike, Camel. 

  • Egalité homme-femme

 

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  • Les anti-biotiques c’est pas automatique.

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Freedom.

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  • Destruction

Rupture

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Dali ou l’arrogance justifiée // Dali or the justified arrogance.


FRENCH & ENGLISH ARTICLE.

C’est l’histoire d’un homme qui avait pour mission d’être unique. Il disait :

« il y a toujours un moment dans leur vie où les gens s’aperçoivent qu’ils aiment Dali ».

C’est l’histoire d’un homme qui rêvait d’être unique mais il ne l’était pas puisqu’il était le deuxième du nom. En effet, Salvador Dali I est mort à l’âge de deux ans et la mère tomba enceinte de Salvador Dali (l’artiste) la semaine suivant le décès. Le fantôme de cet autre, Dali le poursuivra toute sa vie. Pour s’en démarquer et prouver qu’il existe, il sera un enfant taquin, qui défèque partout dans la maison.

Mais sa vocation est ailleurs et il la découvre à douze ans : la peinture.

Néanmoins, dix ans plus tard, il se fait expulser des Beaux-Arts de Madrid. On ne peut s’en étonner puisqu’il eut le toupet de dire au jury qu’il était plus intelligent qu’eux tous réunis (oui, quand même !).Il y fit néanmoins de bien belles rencontres dont le cinéaste Luis Buñuel avec qui il réalise le premier film surréaliste : Un Chien andalou, en 1929.

Voici des extraits du film dont la fameuse scène de l’œil :

https://www.youtube.com/watch?v=LvAOrT24pNg

Toujours en 1929, il tente de séduire Gala –la femme de Paul Eluard- en se recouvrant le corps d’excréments de chèvre…et ça marche !

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Gala & Paul Eluard, 1913.

Mme Eluard devient donc Mme Dali.

Avec Gala comme muse artistique et sexuelle (galerie peintures avec Gala), il théorise la méthode paranoïaque critique qui consiste à développer ses obsessions et ses hallucinations à travers ses œuvres picturales.

Il crée le premier ballet paranoïaque en 1931 à New-York.

Aux yeux des surréalistes, $alvador Dali tire un peu trop profit de ses obsessions. André Breton (élément clé du mouvement) le surnomme « Avida Dollar » et l’excommunie.

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Mais Dali s’en moque ! En 1945, Alfred Hitchcock lui demande de concevoir la scène de rêve de Spellbound.

https://www.youtube.com/watch?v=dzxlbgPkxHE

Et Walt Disney veut faire un dessin animé avec lui !

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En 1965, il renouvelle ses talents de séducteur en disant à Amanda Lear :

« vous avez la plus belle tête de mort que je n’ai jamais vue ».

Et il continue d’être un galant homme en affirmant que c’est un homme…ça marche ! Et il la rend ainsi célèbre.

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Il est maintenant tellement connu qu’il peut tout se permettre, même de se construire son propre musée, de son vivant et à ses frais !

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Musée Dali, Figuères.

http://www.salvador-dali.org/museus/figueres/en_index.html

Du coup, il peut mourir l’esprit tranquille : il est et restera unique.

ENGLISH

That’s the story of a man whose mission was to be unique. He used to say “there is always a time in their life when people discover they love Dali”.

That’s the story of a man who dreamt of being unique but who was not as he was the second of his name. In fact, Salvador Dali I died at the age of two and his mom was pregnant from Salvador Dali (the artist) a week after his death. Dali was haunted by his brother’s ghost all his life. In order to show that he was different, he turned into a teasing kid who defecated everywhere in the house.

But his vocation was elsewhere and he discovered it at the age of 12: painting.

Nevertheless, ten years later, he was expelled from the Royal Arts Academy of Madrid. One can barely be surprised as he dared to say to the jury that he was more intelligent that all of them put together (yes, indeed!).

However, during his time there, he managed to meet great people such as movie director Luis Bunuel with whom he directed the first surrealist movie: An Andalusian Dog in 1929.

That same year, he tried to seduce Gala –Paul Eluard’s wife- by covering himself in goat’s faeces …and it did work!

With Gala as his artistic and sexual muse (see gallery of paintings inspired by Gala), he theorized the critical paranoiac method which consists in developing his obsessions and hallucinations through his pictorial work.

He created the first paranoiac ballet in New York, 1931.

Other surrealists started to see him as a money-maker, an opportunist who was making money out of his obsessions. André Breton (the leader of the movement) nicknamed him “Avida Dollar” (Greedy) and excommunicated him.

But Dali did not care at all! In 1945, Alfred Hitchcock asked him to design the dream scene in his movie, Spellbound.

And even Walt Disney wanted to work in a cartoon with him!In 1965, he renewed his seducer’s gifts saying to Amanda Lear

« you have the most beautiful skull I’ve ever seen ».

And he went on being a gentleman by spreading that she is a man…and it worked! That’s how he made her famous.

He became so known that he was able to afford almost anything…even fund the building of his own museum, in his own lifetime, with his own money!

As a result, he could die having an easy mind: he was and will stay unique.

L’assassin à la pomme verte, Christophe Carlier.


René Magritte, Le Fils de l'homme.

René Magritte, Le Fils de l’homme.

 

FRENCH ONLY:

 

Aaah. J’aime lorsque ma mamie est convaincue que le dernier Amélie Nothomb s’appelle L’assassin à la pomme verte alors qu’il s’agit en fait d’un roman recommandé par celle-ci. C’est donc par ce hasard le plus concret que je me suis retrouvée à lire ce petit roman (le premier de l’auteur Christophe Carlier) .Le titre ne laisse personne perplexe. On voit là une référence au tableau de René Magritte (et à ses peintures en général). Si au premier abord ce roman est un polar : un homme d’affaire italien quelque peu Don Juan et arrogant est tué  dans un grand hôtel parisien (Le Paradise, au nom doucement ironique vu ce qu’il s’y passe) et nous examinons le lieu et ses passants à travers les yeux de trois narrateurs différents. Craig,  anglais vivant aux USA et féru de littérature française, un homme cynique, détaché du monde, brillant et impulsif, Elena, une belle italienne travaillant dans la mode et une femme de tête ainsi que Sébastien, réceptionniste de l’hôtel qui se plaît à scruter et examiner les clients qui eux, ne le remarque guère. Nous savons que le « couple » est impliqué dès la quatrième de couverture. Reste à connaître le motif.

 

Ce premier roman est comme une petite mignardise, il se lit vite (peut être trop vite) et le registre recherché donne une saveur à un sujet devenu presque trop banal. Nous vivons à travers les personnages des analyses comportementalistes, réfléchissons à nos envies et nos pulsions, nous interrogeons sur l’amour et ses raisons. Car si le meurtrier cache son identité tout comme un modèle peint par Magritte, caché sous des voiles et tissus, nous apprenons éventuellement qui il est et pouvons apprécier la satire davantage de par sa vision. Le langage utilisé est exquis et la fin très inattendue. On en vient à se demander, parmi tous ces personnages, qui est vraiment le plus tourmenté ? Qui est vraiment le plus à blâmer ? Car nous avons tous nos petits secrets et rêvons, comme Sébastien, d’imaginer la vie des personnes que nous rencontrons, de voir ce qui adviendrait si on pouvait changer le cours des choses et orienter quelque peu le hasard, autre thème récurrent du roman.

L’assassin à la pomme verte est donc un polar exquis qui se déroule principalement dans l’hôtel du Paradise et qui se fait obscur pour mieux se dévoiler.

 

Ci-dessous, mes extraits favoris :

 

(par Elena) :

« Il n’a pas pu s’empêcher de m’expliquer qu’il se déplaçait dans le monde entier. Je me suis demandé s’il allait m’infliger quelques-unes de ses anecdotes bien rodées de grand voyageur. Ceux qui parcourent le monde restent partout à sa lisière et leurs récits n’amusent qu’eux-mêmes. Par bonheur, il a su tenir sa langue. Seuls me dépaysent les voyages imaginaires que je lis à mes enfants ou que j’invente avec eux. »

 

(par Craig) :

« Je me méfie de l’humanité des hôtels, de même que les lieux de passage m’inspirent un certain malaise.
A l’hôtel, je me lève plus tôt que chez moi. Il faut dire que tout vise à vous confisquer cette maigre part de confort que l’on vous vend si cher. Je suis toujours frappé par l’insistance avec laquelle on vous annonce, avant même de vous avoir montré votre chambre, l’heure à laquelle il faudra la quitter. »

 

 

(par Sébastien) :

« Le Paradise leur offre une vie fictive qui ressemble à l’existence réelle comme un aquarium aux fonds marins. Dans cette reconstitution illusoire, décorative et silencieuse, ils s’émeuvent avec une élégance native. Quand ils traversent le hall, on croyait voir des poissons exotiques glisser en cadence parmi les algues douces. »

La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb. “Comme je suis dans une impasse émotionelle, je décide de partir en voyage”.


FRENCH ONLY:

Encore une bien belle couverture pour Nothomb.

Encore une bien belle couverture pour Nothomb.

J’ai toujours détesté l’été parce qu’en tant qu’ancienne résidente du Sud de la France, il y fait toujours trop chaud mais aussi parce que cela voulait dire une attente insoutenable (telle celle que l’on éprouve, enfant, à l’arrivée de Noel) avant la sortie du nouveau cru Amélie Nothomb. C’est ainsi que cette année, comme toutes les autres, j’ai attendu, bien sagement ma copie. Originalement cette fois-ci, puisque ma mamie me l’a envoyé par la Poste (puisque je réside à l’étranger), encore plus de suspens donc. Quand le précieux arrivera-t-il et que contiendra-t-il ? Car je n’aime pas lire les critiques ou autres extraits avant de m’être moi-même délectée du contenu.

Cela fait 7 ans désormais que ce rendez-vous est incontournable.

J’ai donc reçu La Nostalgie Heureuse le vendredi 30 août et voici mon opinion.

On le sait, Amélie a passé les cinq premières années de sa vie au Japon (cf Métaphysique des Tubes) et y est ensuite retournée (cf Stupeurs & Tremblements, Ni d’Eve, Ni d’Adam). Elle nous livre ici une vision un peu plus intimiste mais jamais trop personnelle de son retour au pays du Soleil Levant.

Après avoir été contactée par l’équipe de France 5 pour se rendre sur les traces de son passé (cf. documentaire Une Vie entre Deux Eaux) du 28 mars au 5 avril 2012), elle part à la redécouverte de ce pays, cher à ses yeux.

« J’ai fini par comprendre que ce qui m’avait fondé ce n’était pas le Japon, mais le manque du Japon ».

Ce qui m’a marqué, dans un premier temps, c’est le titre : la nostalgie heureuse. Loin de moi l’idée de pouvoir comprendre ce phénomène, ce concept. Comment la nostalgie d’un endroit, d’une personne peut-elle nous rendre heureux ? N’aurions–nous toujours pas, au fond, un désir irrépressible que de revivre notre passé dans les mêmes conditions qu’auparavant ? C’est justement les premières émotions que ressent Amélie narrateur, auteur et personnage avant de prendre les deux décisions importantes de ce voyage : revoir sa gouvernante, Nishio-san et son fiancé d’antan, Mizuno Rinri. Lorsqu’elle décide d’y donner suite, ce sont à la fois peur et excitation qui s’entremêlent.

Nous suivons donc ici Amélie, de retour au Japon pour ce fameux documentaire.

« Tout ce que l’on aime devient une fiction ». C’est ainsi que commence le récit, nous donnant déjà le ton doux-amer des souvenirs, de cette frustration créée par l’oubli des moments vécus & de notre incompétence à changer le passé. On retrouve cela lorsqu’elle va rendre visite à sa gouvernante, elle découvre un monde changé, partout. La maison de son enfance a été changée en appartements de haut standing, le parc où elle aimait se promener est entouré de bêton et rien ne laisse deviner son passé de jardin japonais. Tout cela est lié à l’histoire (tremblement de terre de Kobé, 1995) ou au changement de notre société.

«  Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu’on ne devrait les effectuer qu’après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire ».

Nishio-san s’avère être plus âgée que dans les souvenirs d’Amélie, mais l’intensité de l’amour qui unit les deux femmes n’a pas changé et les retrouvailles s’avèrent chargées d’émotion.

« Il y a une heure, je pensais que les retrouvailles, ce devrait être interdit. A présent, je pense que les séparations devraient l’être également ».

Notons également l’humour dont l’auteur teint tout le roman. Comme dans la citation ci-dessus ou dans le passage suivant :

« Quand j’étais petite, j’avais le yôchien en horreur. Je ne comprenais pas au nom de quoi il me fallait quitter le jardin et les jupes de Nishio-san pour me mêler au troupeau des enfants et m’adonner en leur compagnie à des activités révoltantes, telles que chanter des chansons en cœur et jouer à des jeux abscons. En outre, j’étais l’unique non japonaise de l’établissement, ce que les autres mômes s’appliquaient à me faire sentir de cuisante manière ».

Humour donc –ce ton dégagé avec lequel elle critique les activités enfantines ou le fait de faire partie d’un documentaire- mais aussi reflet des mœurs japonaises, cette idée du gaijin 外人, de l’étranger, celui venu d’ailleurs qui n’est pas courant, un objet de curiosité donc.

L’idée du manque reste néanmoins présente : le vide laissé par des lieux gorgés de mémoire dont seules les bouches d’égout semblent inchangées, le vide laissé par celle qu’elle considère comme l’alter-ego de sa mère biologique et celui laissé par une histoire d’amour inachevée (dont elle nous a donné sa vision des faits dans Ni d’Eve Ni d’Adam) : la nostalgie (nostalgic) n’est pas à première vue, une nostalgie heureuse (natsukashii). Tout ce retour dans le passé fini donc par l’indicible : on ne peut pas raconter ses souvenirs, ses émotions de la même façon qu’on les vit, tout est peut être tangible mais l’émoi demeure.

La Nostalgie Heureuse n’est donc certainement pas un livre qui nous met de bonne humeur mais il fait du bien à lire car il rappelle ce sentiment universel que chacun éprouve lorsque l’on se rend sur les traces de notre passé,  lorsque l’on revoit nos premiers amours etc. : on ressent de la joie, de la tristesse, on fait face à l’indicible.

A la vue du magnifique Mont Everest dont elle est le témoin privilégié sur le chemin du retour elle se jure que :

“Le maximum que je t’autorise, désormais, c’est la nostalgie heureuse.”

La nostalgie heureuse? “L’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur” qui est exprimé dans l’adjectif japonais « natsukishii ». Il semblerait donc que les japonais doivent utiliser l’anglais « nostalgic » pour parler d’une nostalgie triste et que par conséquent, ce n’est pas propre à leur culture…

Erwin Blumenfeld: l’homme qui réinventa les femmes // Erwin Blumenfeld: the man who recreated women.


French article now available! Article en français maintenant disponible ci-dessous!

English:

Erwin Blumenfeld was once the most highly paid photographer in the world. He  was obsessed by creating imagery and his obsession was with beautiful women: expressing desire, amorphous, not specific,  a kind of yearning, women obsession behind the pictures: they all seemed to be alive. Though his art is still unknown by most of the people because of his complicated personal life: jealousies, complexities, rivalries: the women he met failed to curate his legacy; and as a consequence, we did not see most of his work. “this is the family heritage destroy, destruct, separate and divide”.

He had a German view, as a German Jew, he escaped from the Nazis and arrived in New York when he was already 44 year-old and yet, he  shaped the way America found itself. He defined an age visually for the rest of his life.

Post war: the USA felt like they were at the top of the world and who better than an émigré who described himself as “un-American forever”?

One of his most impressive work, inspired by war, is this picture of the shadow of a hat (in which he cut the photograph). Here  the beret and red lipstick while the rest is black and white are enough to convey a powerful message: it is as expressive as it could be but stil,l you can have your art directors to go forward. He always refers to art directors as “arse directors”, even though, for 20 years, they kept coming back for more.

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He was also very known  for re-inventing the fashion shoot by understanding it was about creating icons.

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This one is seen as his best cover, his most iconic with Jean Patchett (model) and her famous eye and mouth.

You can also find a tribute to Erwin Blmenfeld: Solve Sundsbo for Chanel: he wanted to take back this very iconic image which was seen so many times and done in so many ways and BRING IT TO LIVE. According to Sundsbo, one of the most amazing things Blumenfeld did for photography and which lasts to today is the fact he took the rulebook and he threw it firmly out of the window.

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In this one, there is so much white space, lots of very simple headlines, cover lines, simple image.

Studio at 222 Central Park South was where he shot and later hand-printed the thousands of covers and ads that made his name. He shot two cosmetic queens: Elizabeth Arden and Helene Rubinstein. He shoot campaigns for both of them. Bette Davis paused for him, so did Lucille Ball.

When Marlene Dietrich met Blumenfeld, her stardom was tarnished. She thought that if B had her portrait, it might help her career as it had others…in vain.

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early image of Hepburn aged 23 in 1952.

 MOVIE STARS SINGERS SOCIETY LADIES AND TOP MODELS all wanted to be shot by him

He was just trying to create the perfect women, the perfect woman, and it was sometimes very scary.

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This can appear as a psychological portraiture at some point : uncovering the reality under the surface.

But the most psycho are the ones starring himself, a sitter with whom he had the most complex of relationships. “I’m convinced there is another life, going behind the transparent glass. We are doubles. Without a mirror, I would never have become a human being. Only fools call it a narcissist complex. No mirror, no art, no echo, no music.”

Many times, he photographed himself with masks, paper bags, screens in front of his face.

He started photography -and portrait- after one generous uncle bought him a camera when he was 10. He realized his self first portrait at 13  as Pierrot using a mirror to obtain both front and profile view (see above gallery).

He developped his own photo in the bathroom, early collage: interrupted by world events.

War destroyed his life, he found himself drawn to the avant-garde artists who were congregating in the city: George Grosz: Berlin dada.

He kept on collages, at a time when photography was far from being accepted as an art form.

After meeting his Dutch girlfriend and wife-to-be, Blumenfeld moved to Amsterdam, he started selling handbags (FOX). Above the store, he discovered a dark room, he decided to try to see if he could take pictures of the attractive women who came in and put them on the windows and it was a success, it attracted even more people to his shop.

He was just interested of making beautiful pictures of beautiful women, seeing  them not just as women but as complex social beings. In Amsterdam, he took the photo of a very black man with a very very black woman. In 1942, B would shoot the Native American actress Burnu Acquenatta in Life magazine. Later, in 1958, he would photograph Bani Yelverton, the first black model to participate in an American fashion show. He was advised to put her at the very right corner so that she could be fold or torn apart by readers who reacted badly to this kind of audacity.

One day, in his boutique, he met Genevieve Rouault, dentist and daughter of painter George Rouault.She offered him to put his photo in her Paris waiting room and to introduce him to famous sitters and her artist father and his friend: Henri Matisse. B. left Amsterdam for Paris with the aim of becoming a pro photographer in 1936.

9 rue Delambre. B was not paid for his pictures but he was making a name. And finally he was published in the first editions of Verve Magazines: 17 ground-breaking portraits. Double exposure, triple, done in the dark room, solarisations, high contact printing. Put them in the freezer, boiled them.

1938: Cecil Beaton, the British photographer was visiting him in his workshop after viewing pictures in Verve, impressed by their originality.

“I want him to work for Vogue”

1939: VOGUE

No more corsets, free body: his models connected with the photographer, looking at the camera.

 

Pictures were daring: Eiffel Tower: breath of desire, technique and audacity for the era.

Then, WWII occured and Blumenfeld, as a German Jew living in France had to go, he was separated from his wife and kids who were considered as Dutch.After being in the camp of Vernet, once reunited, he and his family got VISAs and  fled to the USA, New York .

Harper’s Magazine: the top magazine of the time. Exciting time for magazines, fashion (without French references), sense of opportunities.

Carmen Dell’Orefice: B first shot her for model (today she is the oldest working model): 1947 (see gallery above).

 

1947: a woman walked in his studio and changed his life: Kathleen Levy Barnett, she was an extraordinarily glamorous young photo editor and stylist. She bought his first colour print and became the second great love of his life. 7 year-affair –tolerant attitude of his wife, Lena.

Later on, Blumenfeld met 22yo Marina Schinz, who worked with him as an assistant and they became lovers, when lena was  sick , Marina  came to live with Eriwn, Lena did not know nothing at all.

In the 60s, Blumenfeld was in the middle of a real conflict: art and commerce (money // pursuit of beauty) and he turned into a commercial photographer (e.g: director of the world’s first fashion films).

Blumenfeld  was very afraid of getting old. The magazine world too was changing with a new generation, and he was old also as part of the former generation. In 1969, he travelled to Rome with Marina and  died (4th July) frightened of dying naturally, or from a cancer, he ‘forgot’ to take his heart medicine.

What happened after is a big drama:: who will inherit Blumenfeld’s legacy? his daughters? Lena? Marina? Kathleen: all wanted to claim a part of him.

He left everything to Marina who was a reluctant champion. Thie one therefore gave a quarter to each child and one fourth for herself.

But in such a context, you can’t bring a body of work together when jealousy, hatred, self-interested glory and control are damaging collaboration. It is only recently that his grandchildren are co-operating to bring his work back together and we saw exhibitions at the Louvre,  MEM of photo, Tokyo etc. And he is only starting  to be remembered as the complex artist he was in parallel to the complex man he was.

The beauty is still as beautiful today as it was70 years ago.

FRENCH: (références aux images: cf article en anglais).

Erwin Blumenfield a été l’un des photographes les mieux payés du monde. Il était obsédé par la création de l’imagerie et par les belles femmes. Personne mieux que lui n’exprima le désir, parfois ardent : toutes les femmes représentées sur ses photos semblaient vivantes. Mais la majorité de son art est toujours méconnu du grand public à cause de sa vie privée plus que compliquée : jalousies, complexités, rivalités : les femmes qu’il a rencontrées ont failli à conserver son héritage artistique. C’est pour cela que nous n’avons jamais eu accès à une grande partie de son œuvre. Ceci est l’histoire d’un héritage familial détruit et divisé.

En tant qu’allemand de religion juive, il avait un regard allemand, il fuit les nazis et arriva à New-York lorsqu’il avait déjà 44 ans et façonna la manière dont l’Amérique se voit elle-même. Il a défini toute une ère visuelle.

L’après-guerre : les Etats-Unis se sentent tout puissants et qui de mieux qu’un émigré qui se définissait lui-même comme un non-américain à jamais pour réviser cette vision?

L’un de ses travaux les plus importants fut inspiré par la guerre. Il s’agit de la photo de l’ombre d’un chapeau(cf image 1).Ici, le béret et le rouge à lèvres se distinguent complètement du fond blanc et transmettent un message fort qui est aussi expressif qu’il pourrait l’être: ainsi, il pouvait se mettre dans la poche les directeurs artistiques.

Il est aussi très populaire pour avoir ré-inventé les shooting de mode en comprenant que tout tournait autour de la création d’icônes.

Cette couverture est vue comme sa meilleure, sa plus iconique, montrant Jean Patchett (mannequin) et son fameux regard ainsi que son grain de beauté (cf image 2).

Ce shot est tellement connu et reconnu qu’il a récemment été utilisé par Solve Sundsbo dans sa publicité pour Chanel : il a voulu reprendre cette image iconique qui a été repris tant de fois, de tellement de manières et lui donner vie (cf vidéo article en anglais). Selon Sundsbo, l’une des choses les plus incroyables que Blumenfield ai fait pour la photographie –et qui perdure encore aujourd’hui- a été qu’il a pris les conventions une par une et les a fermement jetés par la fenêtre.

Sur cette photo ci (image 3), il y a tellement d’espace blanc et vide, beaucoup de lignes très simples et le tout en fait une image minimaliste.

Studio 222, au sud de Central Park : ce fut là qu’il shoota et plus tard là où il imprima lui-même les centaines de couvertures et de publicité qui le rendirent célèbre. Il recontra deux reines du cosmétique : Elizabeth Arden et Helen Rubinstein et shoota des campagnes publicitaires pour celles-ci. Bette Davis pausa pour lui, et ainsi le fit Lucille Ball. Lorsque Marlène Dietrich rencontra Blumenfield, sa gloire s’était éteinte. Elle pensa que si Blumenfield réalisait son portrait, cela pourrait faire redémarrer sa carrière comme cela l’avait fait pour d’autres…ce fut en vain.

LES GRANDES ACTRICES, CHANTEUSES, FEMMES MONDAINES ET MANNEQUINS: TOUTES VOULURENT ETRE SHOOTÉES PAR LUI. 

Lui, essayait juste de créer la femme parfaite et cela en devenait parfois effrayant.

En effet, cette image (portrait de la femme aux rayures) peut après tout aussi apparaître comme un portrait psychologique : découvrir la réalité qui se cache derrière les apparences.

Mais la plupart des portraits dits psychologiques sont ceux où l’on voit l’artiste lui-même, un modèle avec lequel il entretenait la plus complexe des relations : “je suis certain qu’il y a une autre vie au-delà du verre transparent. Nous sommes des doubles. Sans miroir, je ne serai jamais devenu un être humain. Seuls les idiots appellent cela du narcissisme. Sans miroir, pas d’art,  sans écho, pas de musique.”

A de nombreuses reprises, il se photographia le visage couvert de masques, de sacs en papier ou caché par des écrans.

Il commença la photographie –et le portrait- lorsque l’un de ses oncles plutôt généreux lui offrit un appareil photo alors qu’il avait 10 ans. Il réalisa son premier portrait à 13 ans posant comme Pierrot, utilisant un miroir pour obtenir une prise de face et de profil. Il installa son propre studio dans la salle de bain et fit ses premiers collages mais tout cela fut interrompu par les événements de la guerre.

La guerre a détruit sa vie, il se trouva embarqué dans le mouvement avant-garde qui se réunissait dans la ville de Berlin : le dadaïsme. Il y rencontra George Grosz.

Après avoir rencontré sa petite amie néerlandaise,, Lena -et femme en devenir- Blumenfeld déménagea à Amsterdam, il commença à vendre des sacs à main (sous le nom de Fox). A l’étage du magasin, il découvrit une pièce sombre, il décida d’essayer d’y prendre des photos des femmes les plus attirantes qui venaient dans son magasin et de mettre leurs photos sur les vitres de la boutique : ce fut un succès, il attira de plus en plus de gens dans son magasin.

Son unique intérêt fut de vouloir faire de beaux clichés de belles femmes, ne les voyant pas qu’en tant que femmes mais aussi en tant que créatures sociales complexes. A Amsterdam, il prit la photo d’un homme très noir accompagné d’une femme très blanche. En 1942, il réalisa le premier cliché de l’actrice amérindienne Burnu Acquenatta paru dans Life Magazine. Plus tard, en 1958, il shoota Bani Yelverton, le premier mannequin noir à participer à un spectacle de mode américain. On lui suggéra de la placer à l’extrême droite, dans le coin, pour que son image puisse être cornée par ceux qui pouvaient mal réagir face à ce type d’audace.

Un beau jour, alors qu’il était comme toujours dans sa boutique, il fit la rencontre de Geneviève Rouault, dentiste et fille du peintre George Rouault. Elle lui offrit d’afficher ses photos dans sa salle d’attente parisienne et de le présenter à des célèbres poseurs et au fameux ami de son père : Henri Matisse. Blumenfeld quitta donc Amsterdam pour Paris en 1936, avec en tête le rêve de devenir photographe professionnel.

9 rue Delambre: Blumenfeld ne fut pas rémunéré pour ses clichés mais se fit un nom.  Dans les premiers numéros de Verve Magazine, 17 portraits innovateurs furent finalement publiés. Double et triple exposition, réalisés dans des pièces obscures, solarisation etc. Il les plaça dans le congélateur, les bouilli.

1938 : le célèbre photographe britannique Cecil Beaton lui rendit visite dans son atelier et, impressionné à la vue des clichés paru dans Verve, il s’exclama : « je veux qu’il travaille pour Vogue ».

1939: Vogue: plus de corset, les corps sont libres, les modèles sont lies au photographe, regardent l’objectif.

Ses photos étaient osées: la Tour Eiffel: cette image respire le désir et est risqué par la technique et par l’époque sous laquelle elle est parue. Ensuite vint la seconde guerre mondiale et Blumenfeld, allemand juif fut séparé de sa femme néerlandaise et de leurs enfants. Après un séjour au camp de Vernet, et une fois réunifiée, la famille obtint des VISA et s’en alla pour New-York.

Carmen Dell’Orefice: Blumenfeld fut le premier à la shooter en tant que mannequin et elle est aujourd’hui le mannequin le plus vieux toujours exerçant.

Harper’s Magazine était le magazine numéro 1 de l’époque. C’était une ère excitante pour les magazines, pour la mode (libérée de ses influences françaises) et plein d’opportunités étaient à saisir.

1947: une femme arrive dans son studio et change sa vie. Son nom ? Kathleen Levy Barnett. C’était une éditrice et une styliste extrêmement glamour. Elle acheta la première impression couleur de Blumenfeld et devint le second grand amour de sa vie. Une histoire d’amour qui dura sept ans, sous l’attitude tolérante de la femme de Blumenfeld, Lena.

Plus tard, Blumenfeld fit la rencontre de Marina Schniz, âgée de 22 ans qui travailla pour lui en tant qu’assistante mais ils devinrent amants, lorsque Lena tomba malade, Marina vint s’installer avec Erwin, Lena n’en savait rien.

Dans les années 60, Blumenfeld était au beau milieu d’un réel conflit : l’art & le commerce (l’argent contre la recherche de la beauté) et il se transforma en photographe commercial (il dirigea notamment les premiers films sur la mode).

Blumenfeld avait très peur de vieillir. L’univers des magazines de mode changeait, amenant avec lui une nouvelle génération, et Blumenfeld était déjà vieux au sein même de l’ancienne génération d’artistes. En 1969, il voyagea à Rome avec Marina et mourra (le 4 juillet). Effrayé à l’idée de mourir d’une façon naturelles, ou d’un cancer, il « oublia » de prendre ses cachets pour le cœur…

Que se passa-t-il ensuite? Un drame bien malheureux. Des questions se posèrent : qui allait hériter de l’œuvre de Blumnfeld ? ses filles ? Lena ? Marina ? Kathleen? Tout le monde voulait sa part du gâteau.

Il légua tout à Marina qui était un vainqueur réticent. Celle-ci donna néanmoins un quart des œuvres à chaque enfant et prit un quart pour elle-même.

Mais dans un tel contexte, il est bien dur de réunir tout un corpus artistique quand la jalousie, la haine, la gloire personnelle et le contrôle viennent à tout de toute collaboration envisageable. Ce n’est que récemment que ses petits-enfants ont coopéré pour assembler son travail et nous avons pu assister à des expositions au Louvre, au MEM de Tokyo etc. Il commence à peine à être vu comme l’artiste complexe qu’il était en regard de l’homme compliqué qu’il était également.

La magie est que la beauté de Blumenfeld est intacte, elle reste la même qu’il y a 70 ans.

 

Les bien-aimés, Christophe Honoré // The Beloved, a movie by Christophe Honoré


French:

Certes, je ne suis pas une critique de cinéma, bien loin de là, mais comme tout le monde, je regarde des films, comme tout le monde, il y en a certains que j’aime, d’autres moins.

Voici donc mon premier article dédié à un film: Les Bien-aimés, de Christophe Honoré.

I. Synopsis

II. Ma scène préférée et pourquoi

III. Note objective

I. Synopsis: 

Les Bien-Aimés nous fait voyager dans le temps et l’espace. Tout à tour, on se retrouve à Paris, Londres, New-York etc des années 60 aux années 2000. On commence par suivre l’histoire de Madeleine, jeune vendeuse de chaussures (le générique d’introduction avec la thématique des chaussures et de la séduction est magique) qui vend également ses charmes pour se faire de l’argent de poche, ne laissant aucun homme pénétrer son univers. Sauf que voilà, un beau jour, un bel et ténébreux inconnu nommé Jaromil vient la solliciter et elle tombe sous le charme. Cet homme est un pervers, opportuniste et un manipulateur mais Madeleine en est folle et aura même un enfant avec lui. Lorsque celle-ci se retrouve à Prague, prise par les russes, elle décide néanmoins de fuir car Madeleine a elle aussi un gros défaut: elle est égoïste et ne pense qu’à son plaisir. Des années plus tard on la trouve à Paris, mariée à un nouvel homme qui ne la rend pas pas heureuse, elle retrouve..son ancien mari, un amour, une passion charnelle dont celle-ci ne se lassera jamais et qui la hantera toujours.

Le premier personnage est donc Madeleine, que l’on commence à suivre lorsqu’elle a 20 ans (interprétée par la splendide Ludivine Sagnier mise en avant par de magnifiques vêtements 60s) que l’on retrouve plus tard en femme fatale en la personne de Catherine Deneuve.

Le second personnage est sa fille, Véra (Chiara Mastroianni), magnifique jeune femme dont la vie sentimentale se déchire entre son attirance et son désir de résister à Clément (Louis Garrel) qui incarne encore une fois un  amant appauvri. Celui-ci est en effet fou amoureux de Véra depuis toujours, mais celle-ci lui résiste car elle est éperdument sous le charme d’Henderson (Paul Schneider), un musicien anglais et homosexuel…

Véra est aussi victime des passions de ses parents, de leurs hauts et de leurs bas, ils se servent d’elle pour mener à bien leurs projets et lui en disent beaucoup trop sur leur relation.

Les Bien-Aimés parle donc des passions sentimentales humaines: comment peut-on toujours aimer et désirer quelqu’un qui nous fait souffrir? Pourquoi ne se contente jamais de ce que l’on a? Pourquoi toujours penser que l’herbe est plus verte ailleurs?

Le tout servi avec brio en chanson avec la collaboration d’Alex Beaupain.

à voir aussi: La belle Personne, Les chansons d’amour.

II. Ma scène préférée et pourquoi: SPOIL

Ma scène préférée est lorsque Jaromil, père de Véra et toujours amant de Madeleine, âgé, décide d’acheter à sa fille, qui ne porte pas assez de couleurs selon lui, un sari rose fushia. Celle-ci lui répond “oui, mais je ne suis pas une femme mariée”…Tragique citation qui ne s’avérera jamais démentie et scène qui finira sur le second drame de la vie de Madeleine, qui, a la fin du film est tout simplement une femme démunie qui a perdu toutes les personnes qui lui étaient chères.

III. Ma note

☆☆☆☆

Le début du film est très prometteur mais on tombe parfois sur les clichés (les passions homosexuelles, le mari soumis, l’amant désillusionné) et l’énergie et la beauté des images se passant dans les 60s ne trouvent pas de pareille dans la suite du film.

English: 

Indeed, I am not a not a movie critic, far from this, but as everybody do, I watch movies and I like or hate some of them.

This article will be the first I’ll dedicate to a movie: Beloved, by French director Christophe Honoré.

  1. Summary
  2. II. My favourite scene and why
  3. Objective grade

1. Summary

The Beloved make us travel within time and space. By turns, we are in Paris, New York, London, starting in the 60s to finish in the 2000 era. We start by following Madeleine, a young shoes saleswoman (the opening scene with the focus on shoes and their seduction power is amazing and very graphical) who is also selling her body in order to have some pocket money, allowing no single man to enter her universe. Except that one day, a gorgeous and saturnine stranger called Jaromil came to solicit her and she succumbs to his charm. This man is an opportunist and a manipulator but Madeleine is mad about him and will eventually have a kid with him. Although, when she finds herself in Prague, occupied by the Russians, she decide to flee for she also has a big fault as she is selfish and can only think about her own pleasure. Years after this event, we meet her again in Paris, married to another man who does not make her happy even though he seems to be the perfect husband and she throws herself into Jaromil’s arms –her former husband- with whom she will develop love, carnal pleasure from which she will never depart and which will hunt her forever.

So, the first character is Madeleine that we start to follow when she is 20 (performed by the gorgeous Ludivine Sagnier, highlighted by amazing authentic 60s clothes) that we meet again years after as a femme fatale in the person of Catherine Deneuve.

The seond protagonist is her daughter, Véra (Chiara Mastroianni), a beautiful woman which sentimental life is torn apart by her attraction and her desire to resist Clément (Louis Garrel, who is once again performing an imperish lover). Since always, this one is indeed incredibly in love with her but Véra is resisting him for she is head over heels in love with Henderson (Paul Schneider), an English and homosexual musician…

Véra is also a victim of her parent’s relationship: its ups and downs, they ar eusing her to see through their projects and are giving her all the details about their relationship, some of them which should be private ones.

The Beloved is therefore about human beings’ sentimental passions: how can we still love and desire somebody who is hurting us? Why can’t we never get enough? Why do we always tend to think that the grass is always greener on the other side of the fence?

All coming as a kind of musical with the collaboration of Alex Beaupain.

If you like this one you should also watch: The Beautiful Person & Love Songs.

2. My favourite scene and why: SPOILER:

My favourite scene is when Jaromil, Véra’s father and still Madeleine’s lover- realizing that his daughter is not wearing that much colourful clothes, decides to buy her a sari. Véra replies back to him “yes but I am not a married woman”…A tragic statement which will never turn out to be true and will end on the second tragic drama happening in Madeleine’s life who ends up as a destitute woman who lost everyone she was caring about.

3. My grade:

☆☆☆☆

The beginning of the movie is really promising but we sometimes come across clichés (homosexual passions, the submissive husband, the disillusioned lover) and both the energy and the beauty of the images and scenes occurring in the 60s don’t find any equivalent in the rest of the movie.

Pygmalion & Galatée, Jean-Louis Gérôme // Pygmalion and Galatea, Jean-Leon Gerome; 1890


French:  

D’accord, je l’avoue, ce tableau et ce mythe sont sans doute parmi les plus connus de l’histoire de l’art mais ils n’en restent pas moins inscrits dans mon top 10 si puis-je dire.

Qui ne connaît pas l’histoire de Pygmalion et Galatée?!  Il s’agit de Pygmalion, un sculpteur grec, l’un des plus talentueux qui soit, qui décida un beau jour de mettre tout son talent, de polir, tailler, par ci par là pour représenter son idéal féminin. Le problème? Il s’est tellement dévoué corps et âme que la statue fut si belle qu’il en tomba amoureux! Quelle surprise alors que de voir Pygmalion embrasser et caresser sa statue dans son atelier, en vain, car celle-ci resta bien évidemment de marbre. Cela rendu fou Pygmalion…Un beau jour néanmoins, Aphrodite, déesse de l’amour, décida de donner vie à la statue afin que Pygmalion puisse être heureux.

J’en parlais l’autre jour et d’un point de vue féministe, il est vrai que Galatée devient donc par la présente un objet pour Pygmalion ne devenant réelle que pour plaire à celui-ci, étant faite comme celui-ci le veux…une poupée gonflable vivante mais sans âme en somme! Votre avis?

Cependant, en dehors de ce mythe qui peut être vu un peu macho donc, la peinture de Jean-Louis Gérôme est tout simplement fantastique:Image

Je trouve cette représentation formidable car elle montre le passage à la vie de Galatée: en effet le haut de son corps prend vie -et elle embrasse Pygmalion- alors que le reste de son corps reste non vivant pour l’instant, le marbre est tout simplement magnifiquement fait. La scène se passe dans l’atelier de Pygmalion et ce très cher Cupidon est aussi présent, prêt à lancer la flèche de l’amour éternel sur les deux jeunes amants. Le marteau du sculpteur est jeté à terre, comme s’il était juste en train d’apporter des retouches à sa statue avant que celle-ci ne prenne vie, jetant ainsi son marteau au sol pour embrasser à pleine bouche Galatée. A droite, on peut apercevoir deux masques du théâtre grec antique. Là, je suis tout à fait consciente que chacun peut y voir ce qu’il souhaite. Je pense donc à cette citation de James Baldwin qui, selon moi, s’applique bien au contexte:

« L’amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pas pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire. »

A méditer!

Cela ne s’arrête pas là, car Gérôme, artiste méticuleux, a aussi peint une représentation de face, du même tableau:

Image

Quelques détails changent, en dehors , bien sûr, de la perspective même si l’on voit toujours ici la scène du baiser entre le sculpteur et la sculpture: plus de tableaux, de sculptures de meubles sont présents,Cupidon a tout simplement disparu, Galatée est ici rousse et Pygmalion est pieds nus, de plus ici, Galatée prend à peine vie, nous noterons le marbre quasi omniprésent sur son corps, cette blancheur qui attire directement le regard et  nous fait oublier le cadre. Le centre ultime d’attention demeurant le baiser.

Mais cela n’est pas fini, Gérôme a également fait une sculpture du mythe (notons qu’il s’agit donc de la sculpture d’une sculpture): où les deux personnages s’embrassent avec ferveur, s’enlacent, le bas du corps de Galatée demeurant immobile, elle reste sur son piédestal.

Image

Si le mythe vous intéresse, voici quelques adapations fantastiques:

Pygmalion, pièce de Bernard G Shaw

My Fair Lady, avec la splendide Audrey Hepburn

The Picture of Dorian Gray, où le peintre, Basile, tombe amoureux de son modèle et donc de son tableau.

 

*******

English:

 

All right, I must confess, I know this painting and this myth are among the most known in the History of the Arts but they still remain as part of my top 10 if I can say.

 

Who does not know the history of Pygmalion and Galatea? It is about Pygmalion, a Greek sculptor, one of the most talented of his region, who one day decided to put all his talent, to smooth and cut here and there in order to represent his feminine ideal. What is the matter then? He devoted himself body and soul to his work, so that the statue was so beautiful that he ended up falling in love with it! What a surprise then to see him kissing and stroking his statue in his workshop although in vain for the statue remain impassive. This drove Pygmalion insane… However, one fine day, Aphrodite, the goddess of love, decided to bring the statue to life so that Pygmalion could be happy.

 

The other day, I spoke about this with a friend and from a feminist point of view, it is true that Galatea therefore becomes an object for Pygmalion; becoming as real only as far to please him, made as he wanted her to be…a soulless inflatable doll all in all. What do you think?

 

However, apart from this myth which can be seen as male chauvinism, Jean-Leon Gérôme’s painting is just wonderful:

 

(see painting 1 in the French article)

 

I think this depiction is amazing for it illustrates Galatea’s passage to life: indeed, the upper part of her body is coming to life- as she is kissing Pygmalion- as the rest of her body is still motionless: the marble there is just absolutely amazingly done. The scene occurs in Pygmalion’s workshop and our dear Cupid is there too, ready to throw his arrow of eternal love on the two young lovers. The sculptor’s hammer is cast on the floor, as if he was just adjusting his statue before this one was brought to life, throwing his hammer on the floor to kiss Galatea full on the lips. On the right, we can see two antique Greek theatre masks.

I am completely aware that at this point you can see and interpret this on many different ways, but it just reminds me this quote from James Baldwin which, I think, can really be applied to the context:

 

“Love takes off the masks that we fear we cannot live without and know we cannot live within.”   The Fire Next Time

 

To meditate!

 

Our story does not come to an end here as Gérôme, as a meticulous artist also painted a front depiction of the same painting:

 

(see painting 2 in the French article)

 

Some details have changed, as has, of course, the perspective: we still are shown the kiss scene between the sculptor and the sculpture but there are more paintings, sculptures, furniture, Cupid is here absent, Galatea is a ginger, Pygmalion is bare feet and it seems that Galatea is just brought to life as the whiteness of the marble is omnipresent on her body, this whiteness which is catching our glance and makes us forget the setting. The ultimate center of attention still remains the kiss.

 

 

But this is not over yet! Gérôme also created a sculpture of the myth (please note it is therefore a sculpture of a sculpture!) where the two characters are kissing each other with unbridled passion, the bottom part of Galatea’s body is still unmoving, she remains on her pedestal.

 

(See scultpture in the French article)

 

If you are interested in the myth, here are some excellent adaptations:

Si le mythe vous intéresse, voici quelques adapations fantastiques:

Pygmalion,  a play by Bernard G Shaw

My Fair Lady, with the magnificient Audrey Hepburn

The Picture of Dorian Gray, in which Basil, the painter, falls in love with his sitter and then with his portrait