Pygmalion & Galatée, Jean-Louis Gérôme // Pygmalion and Galatea, Jean-Leon Gerome; 1890


French:  

D’accord, je l’avoue, ce tableau et ce mythe sont sans doute parmi les plus connus de l’histoire de l’art mais ils n’en restent pas moins inscrits dans mon top 10 si puis-je dire.

Qui ne connaît pas l’histoire de Pygmalion et Galatée?!  Il s’agit de Pygmalion, un sculpteur grec, l’un des plus talentueux qui soit, qui décida un beau jour de mettre tout son talent, de polir, tailler, par ci par là pour représenter son idéal féminin. Le problème? Il s’est tellement dévoué corps et âme que la statue fut si belle qu’il en tomba amoureux! Quelle surprise alors que de voir Pygmalion embrasser et caresser sa statue dans son atelier, en vain, car celle-ci resta bien évidemment de marbre. Cela rendu fou Pygmalion…Un beau jour néanmoins, Aphrodite, déesse de l’amour, décida de donner vie à la statue afin que Pygmalion puisse être heureux.

J’en parlais l’autre jour et d’un point de vue féministe, il est vrai que Galatée devient donc par la présente un objet pour Pygmalion ne devenant réelle que pour plaire à celui-ci, étant faite comme celui-ci le veux…une poupée gonflable vivante mais sans âme en somme! Votre avis?

Cependant, en dehors de ce mythe qui peut être vu un peu macho donc, la peinture de Jean-Louis Gérôme est tout simplement fantastique:Image

Je trouve cette représentation formidable car elle montre le passage à la vie de Galatée: en effet le haut de son corps prend vie -et elle embrasse Pygmalion- alors que le reste de son corps reste non vivant pour l’instant, le marbre est tout simplement magnifiquement fait. La scène se passe dans l’atelier de Pygmalion et ce très cher Cupidon est aussi présent, prêt à lancer la flèche de l’amour éternel sur les deux jeunes amants. Le marteau du sculpteur est jeté à terre, comme s’il était juste en train d’apporter des retouches à sa statue avant que celle-ci ne prenne vie, jetant ainsi son marteau au sol pour embrasser à pleine bouche Galatée. A droite, on peut apercevoir deux masques du théâtre grec antique. Là, je suis tout à fait consciente que chacun peut y voir ce qu’il souhaite. Je pense donc à cette citation de James Baldwin qui, selon moi, s’applique bien au contexte:

« L’amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pas pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire. »

A méditer!

Cela ne s’arrête pas là, car Gérôme, artiste méticuleux, a aussi peint une représentation de face, du même tableau:

Image

Quelques détails changent, en dehors , bien sûr, de la perspective même si l’on voit toujours ici la scène du baiser entre le sculpteur et la sculpture: plus de tableaux, de sculptures de meubles sont présents,Cupidon a tout simplement disparu, Galatée est ici rousse et Pygmalion est pieds nus, de plus ici, Galatée prend à peine vie, nous noterons le marbre quasi omniprésent sur son corps, cette blancheur qui attire directement le regard et  nous fait oublier le cadre. Le centre ultime d’attention demeurant le baiser.

Mais cela n’est pas fini, Gérôme a également fait une sculpture du mythe (notons qu’il s’agit donc de la sculpture d’une sculpture): où les deux personnages s’embrassent avec ferveur, s’enlacent, le bas du corps de Galatée demeurant immobile, elle reste sur son piédestal.

Image

Si le mythe vous intéresse, voici quelques adapations fantastiques:

Pygmalion, pièce de Bernard G Shaw

My Fair Lady, avec la splendide Audrey Hepburn

The Picture of Dorian Gray, où le peintre, Basile, tombe amoureux de son modèle et donc de son tableau.

 

*******

English:

 

All right, I must confess, I know this painting and this myth are among the most known in the History of the Arts but they still remain as part of my top 10 if I can say.

 

Who does not know the history of Pygmalion and Galatea? It is about Pygmalion, a Greek sculptor, one of the most talented of his region, who one day decided to put all his talent, to smooth and cut here and there in order to represent his feminine ideal. What is the matter then? He devoted himself body and soul to his work, so that the statue was so beautiful that he ended up falling in love with it! What a surprise then to see him kissing and stroking his statue in his workshop although in vain for the statue remain impassive. This drove Pygmalion insane… However, one fine day, Aphrodite, the goddess of love, decided to bring the statue to life so that Pygmalion could be happy.

 

The other day, I spoke about this with a friend and from a feminist point of view, it is true that Galatea therefore becomes an object for Pygmalion; becoming as real only as far to please him, made as he wanted her to be…a soulless inflatable doll all in all. What do you think?

 

However, apart from this myth which can be seen as male chauvinism, Jean-Leon Gérôme’s painting is just wonderful:

 

(see painting 1 in the French article)

 

I think this depiction is amazing for it illustrates Galatea’s passage to life: indeed, the upper part of her body is coming to life- as she is kissing Pygmalion- as the rest of her body is still motionless: the marble there is just absolutely amazingly done. The scene occurs in Pygmalion’s workshop and our dear Cupid is there too, ready to throw his arrow of eternal love on the two young lovers. The sculptor’s hammer is cast on the floor, as if he was just adjusting his statue before this one was brought to life, throwing his hammer on the floor to kiss Galatea full on the lips. On the right, we can see two antique Greek theatre masks.

I am completely aware that at this point you can see and interpret this on many different ways, but it just reminds me this quote from James Baldwin which, I think, can really be applied to the context:

 

“Love takes off the masks that we fear we cannot live without and know we cannot live within.”   The Fire Next Time

 

To meditate!

 

Our story does not come to an end here as Gérôme, as a meticulous artist also painted a front depiction of the same painting:

 

(see painting 2 in the French article)

 

Some details have changed, as has, of course, the perspective: we still are shown the kiss scene between the sculptor and the sculpture but there are more paintings, sculptures, furniture, Cupid is here absent, Galatea is a ginger, Pygmalion is bare feet and it seems that Galatea is just brought to life as the whiteness of the marble is omnipresent on her body, this whiteness which is catching our glance and makes us forget the setting. The ultimate center of attention still remains the kiss.

 

 

But this is not over yet! Gérôme also created a sculpture of the myth (please note it is therefore a sculpture of a sculpture!) where the two characters are kissing each other with unbridled passion, the bottom part of Galatea’s body is still unmoving, she remains on her pedestal.

 

(See scultpture in the French article)

 

If you are interested in the myth, here are some excellent adaptations:

Si le mythe vous intéresse, voici quelques adapations fantastiques:

Pygmalion,  a play by Bernard G Shaw

My Fair Lady, with the magnificient Audrey Hepburn

The Picture of Dorian Gray, in which Basil, the painter, falls in love with his sitter and then with his portrait

 

9 thoughts on “Pygmalion & Galatée, Jean-Louis Gérôme // Pygmalion and Galatea, Jean-Leon Gerome; 1890

  1. il est vrai que Galatée devient donc par la présente un objet pour Pygmalion ne devenant réelle que pour plaire à celui-ci, étant faite comme celui-ci le veux…une poupée gonflable vivante mais sans âme en somme!

  2. Découverte par Manus le prophète et pratiquée depuis 2006 par quelques jeunes mentalement déséquilibrés, la lapinologie est sûrement la religion ou la secte la moins connue et la plus inintéressante du monde.

  3. Tous les hommes de savoir savent que Troyes est bien sûr la ville du célèbre cheval. Le maire actuel envisage d’élever une statue en l’honneur d’Ulysse sur la place de l’hôtel de ville afin que les habitants haineux puissent le lapider a coups de bouchon de champagne.
    Clovis a été sacré à Troyes et non à Reims comme l’affirment faussement certains historiens corrompus par (le mauvais) champagne marnais.

Donnez votre avis :)